Par entrainement sportif intense et inhabituel, je parle de la comparaison entre un petit citadin sédentaire et paresseux et un marathonien bien entraîné de haut niveau. Si les deux effectuent une course d'une dizaine de kilomètres, je ne donne pas cher des muscles du citadin. Cet effort inhabituel à ses muscles provoqueront des courbatures monstres, tandis que le marathonien s'en sortira indemne, sans aucune courbature (normalement héhé).
Mais comment les courbatures apparaissent-elles?
Les courbatures n'apparaissent pas pendant mais après l'effort -généralement 24 à 48h après, après une activité physique intense où l'on fait travailler des muscles que l'on n'a pas l'habitude de solliciter (comme le cas des mollets de notre petit citadin sédentaire).
On a longtemps inculpé à tort les innocents acides lactiques. En effet, lorsque des muscles peu sollicités sont soumis à des efforts soutenus et intenses, des mécanismes se mettent en place pour leur apporter l'énergie nécessaire. Lors d'un effort bref et intense (comme le sprint), les muscles consomment plus de sucre (glycogène) que d'oxygène. La dégradation du glycogène lors d'un effort à caractère anaérobie (sans oxygène) produit un déchet appelé acide lactique. C'est l'accumulation de cet acide qui provoque la fameuse brûlure pendant l'entraînement (mais si, rappelez-vous: il suffit de soulever/ baisser un poids assez lourd plusieurs fois de suite pour ressentir cette fameuse brûlure -qui met généralement fin à l'entraînement).
On a donc longtemps supposé que l'accumulation de ces déchets métaboliques était à l'origine des courbatures. Or, l'acide lactique est très bien éliminé par notre organisme, et très rapidement après l'effort (de l'ordre de 30 min environ). De plus, les courbatures surviennent environ 24h après l'effort. On a donc un léger problème: les temps ne coïncident pas du tout! L'acide lactique est donc innocenté.
Mais alors, qui est le coupable? A vrai dire, c'est encore un mystère de la science, même si nous avons quelques éléments de réponse...
Les courbatures viendraient en fait de micro-traumatismes des fibres musculaires, ou micro-déchirures, et parfois de la rupture des capillaires sanguins suite à la violence de l'effort, provoquant un épanchement de sang dans les tissus, et agissant comme un mini-bleu. Les fibres musculaires subissent des micro-déchirures, surtout lorsque le muscle s'allonge avec la charge: elles sont étirées de forces et se déchirent légèrement. Des fibres musculaires "entraînées" seront plus résistantes et ne se déchireront pas sous l'effet de l'effort, comme notre marathonien bien entraîné.
Ces fibres abîmées seront dès lors exposées à toutes sortes de substances toxiques pour elles, qui s'infiltreront par les fissures. Je pense notamment au calcium. Cet élément est très utile lors de la contraction musculaire, quand la cellule musculaire est intacte, cependant, cet ami devient traître lorsque cette même cellule est lésée: il s'infiltre dans la cellule par les fissures et devient dès lors toxique: il aggraverait les lésions causées par l'entraînement -comme si ça ne suffisait pas! Cependant, ce phénomène reste lent, et ce n'est qu'au bout de un ou deux jours que nous ressentons l'effet de ce calcium à double visage...
Le corps va également tenter de réparer ces "accrocs", ce qui va déclencher une réaction inflammatoire. L'organisme nettoie, élimine, répare, cicatrise et consolide les fibres musculaires. C'est le grand ménage! L'ensemble de ces phénomènes provoqueraient des douleurs appelées "courbatures"...
A noter que ces lésions ne mettent pas en danger le muscle, et sont très peu graves. Cependant, le muscle est "blessé", et il est donc déconseillé de s'entraîner sérieusement sur une courbature... De plus, les liens entre courbature et croissance musculaire ne sont pas prouvés scientifiquement. Ne vous y fiez pas!
continuez, svp... vos articles tous azimuts de vulgarisation sont d'un intérêt universel. Bien écrits, directs, ils me plaisent beaucoup.
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