dimanche 31 janvier 2016

Ebauche sur l'anorexie mentale

(j'ai failli appeler l'article "grossissement sur l'anorexie mentale", mais je me suis dit que le jeu de mot était un peu abusé)

Je dédie cet article à l'anorexie mentale. J'ai pris la bonne résolution 2016 d'innover, et d'écrire des articles concernant certaines maladies. Pourquoi l'anorexie ouvre t-elle le bal? Parce que c'est moi qui décide des sujets des articles.

aaah pourquoi tant de haine pourquoi cette petite croix???

L’anorexie mentale peut se définir comme une lutte active pour lutter contre la faim, contre l’absorption des aliments. A savoir que l’anorexie tout court définit un symptôme retrouvé dans de très nombreuses maladies (hypothyroïdie…), signifiant tout simplement une perte d’appétit. Néanmoins, dans l’anorexie mentale, la personne n’a pas vraiment de perte d’appétit. Elle lutte juste contre cet appétit. C’est une maladie dévastatrice, mortelle.

Mais je n’ai pas parlé de l’essentiel. L’anorexie mentale s’inscrit bien sûr dans la grande famille des TCA (ou « trouble du comportement alimentaire »). Certains métiers favorisent également l’apparition de cette maladie! A savoir chez les sportifs, les jockeys, les danseurs, les mannequins. Bref, tout métier où l’exercice implique la minceur. Elle touche quand même 1% de la population occidentale... Force est de le constater, les filles sont plus largement atteintes par l’anorexie: 9 sont touchées pour un garçon. Ce n’est pas très équitable, mais la raison se trouverait dans la perception du corps des différents sexes: alors que les hommes analysent plutôt leur corps comme un objet dans l’espace, les femmes ont plus tendance à relier leur silhouette à leurs émotions.

Par ailleurs, il existe également des facteurs de vulnérabilité, qui prédisposent à l'anorexie. 
Dans les facteurs environnementaux, nous trouvons une mauvaise relation mère-fille, surprotectrice ou culpabilisatrice. 

Bien évidemment, les facteurs culturels qui influent sur le comportement anorexique sont les médias (avec toutes ces photos retouchées). On peut dire que tous ces mannequins extra minces n'aident pas vraiment à se sentir bien dans sa peau. L’image de beauté idéale symbolisée par la femme mince à la taille de guêpe, la pression sociale qui peut exister au collège ou au lycée… Enfin bref. Il existe un véritable complexe sur le corps, de par chez nous. Paradoxalement, on veut prévenir des ravages de l'anorexie, mais en même temps, on continue à submerger le monde avec cet idéal de beauté minceur... 


Exemple de retouche

Je ne sais pas s'il s'agit réellement de facteurs de vulnérabilité, quoiqu'il en soit, certaines personnalités favorisent plus l'anorexie que d'autres. On retrouve souvent comme trait de caractère chez les personnes anorexiques une faible estime de soi, un côté maniaque, conformiste ou perfectionniste, un surinvestissement scolaire (les anorexiques ont souvent de très bonnes notes!!! on peut les qualifier de bons élèves, ou élèves modèles, soucieux de se conformer aux exigences scolaires), avec un niveau intellectuel normal voire supérieur. On peut parfois trouver un certain narcissisme ou sentiment de supériorité. 

Au niveau génétique, il paraitrait qu’on ait trouvé une prédisposition à développer cette maladie. Certains allèles seraient plus susceptibles à rendre son porteur anorexique que d’autres. A mon avis, la part de responsabilité des gènes dans l’apparition de l’anorexie est faible, ou en tout cas soigneusement intriquée avec tous les autres facteurs.

Quoiqu’il en soit, mis à part ces facteurs de vulnérabilité, il existe un facteur déclenchant, qui va révéler la maladie. 

L’anorexie mentale peut se déclencher à l’adolescence, période de vulnérabilité où le psychisme et le corps changent. Certaines anorexiques refusent de voir leur corps se transformer, préférant conserver leur corps d'enfant et luttant contre les formes imposées par la puberté. Il peut exister un refus inconscient de la sexualité. Elles refusent en quelque sorte l'entrée dans l'âge adulte. La volonté d'avoir un contrôle absolu sur son corps est très retrouvé.
Elle peut également se manifester suite à un régime, ou un traumatisme psychosexuel (harcèlements, maltraitance, abus sexuel, viol, que sais-je encore). 

Ce facteur génère un stress, une angoisse, au point que l’individu va développer une réponse adaptative à ce stress (ne plus manger, maigrir pour faire voir aux autres sa souffrance…). Petit à petit, des facteurs de maintien vont permettre à cette réponse initiale de s’inscrire dans le temps. A savoir que l’anorexie mentale est une maladie d’évolution de 10 ans. Chacun vit son anorexie à sa façon, mais certains la vivent plus mal que d’autres: scarifications, hospitalisations, tentatives de suicide, dépressions… Souvent très jeunes... Pauvres chatons :( 
L’anorexie entraîne une autodestruction inconsciente. C'est une sorte de pulsion de mort.

On retrouve dans l’anorexie une culpabilité qui englobe la personne dès lors qu’elle fait un écart ou mange plus que d’habitude, ou dépasse le nombre de calories journalière. L’anorexique peut ensuite avoir des comportements compensatoires pour se libérer de l’angoisse qu’elle ressent à avoir trop mangé (sport, vomissement, douche froide). Cette angoisse résulte de la peur de grossir. L’anorexique ne le veut surtout pas; il s'agit d'une pensée extrêmement angoissante. Elle fait tellement attention qu’elle finit par maigrir. 






La nourriture devient obsédante, une pensée dont elles ne peuvent se défaire, qui les accompagne nuit et jour, une tentation qu'elles ne peuvent accepter, comme si, paradoxalement, alors qu’elles se coupent de la nourriture, cette dernière devient une part centrale de leur vie. Il a d'ailleurs été montré dans une étude que la restriction calorique chez des personnes ne souffrant pas de TCA induit justement des troubles du comportements alimentaires chez ces personnes.




L’anorexique peut faire le compte de tout ce qu’elle a mangé dans la journée, pense aux repas qu’elle mangera le lendemain. Elle ne peut pas s’empêcher de regarder les calories sur un paquet de gâteaux, de flocons d’avoine, sur une brique de lait. Et, étrangement, les anorexiques pour la plupart adorent cuisiner. Une sorte de fascination répulsion. A savoir que nourrir les autres peut être un soulagement pour elles, comme si voir les autres manger les nourrissaient un peu.

On retrouve également, toujours vis à vis de la nourriture, des facteurs de dissimulation, c’est-à-dire des comportements pathologiques, qui amènent au mensonge. Refuser de manger sans en avertir l’entourage reste difficile, et certaines développent des techniques pour cacher leur anorexie. Un site préconisait par exemple de salir son assiette pour faire croire qu'un repas avait été pris, ou encore de remettre le pommeau de la douche sur le chaud après avoir pris une douche froide. 

La potomanie est également associée à l’anorexie. En effet, pour calmer et tromper la faim, se sentir remplie sans prendre de calories, les anorexiques ont tendance à boire des quantités importantes de liquide (thé, café, eau…), jusqu’à 7L par jour (au delà de 8 à 10L, cela entraîne un risque vital, à cause d’une histoire de choc osmotique: les cellules absorbent l’eau, jusqu’à éclater). La potomanie se définit par un besoin irrépressible de boire. Cela peut entraîner, à terme, des oedèmes cérébraux. Trop boire est délétère pour la santé! (contrairement à ce qu'on pourrait croire...)

L’hyperactivité est un symptôme fréquemment retrouvé dans l’anorexie. Il s’agit d’une tendance excessive à se dépenser, à faire du sport, non par plaisir mais presque par obligation. La personne se sent mal si jamais elle ne le fait pas. Il peut s’agir de marche rapide, de course à pied. Monter et descendre les escaliers, rester debout, marcher plutôt que prendre le bus, faire des pompes, la chaise, des gainages, ce genre de chose. Un peu comme un rituel. 

On retrouve une altération de l'image du corps, avec une peur presque viscérale de devenir obèse; la dysmorphophobie (la personne se voit énorme alors qu’en réalité, elle est toute mince. Elle est intimement persuadée d’être grosse, et retire de cette constatation une souffrance que je ne pourrais décrire avec des mots. Cette souffrance s’accompagne souvent d’une haine de soi, d’une volonté de se faire du mal, de se punir des calories ingurgitées; c’est une véritable détresse). L’anorexie mentale traduit une grande souffrance psychologique, un mal être. 

dysmorphophobie

La dysmorphophobie illustrée...

La boulimie accompagne parfois l’anorexie. A savoir que certaines anorexies sont restrictives pures: les vomissements ne sont pas retrouvés. Ce qui peut certainement expliquer la proportion plus importante d’hyperactivité chez les anorexiques qui ne perdent pas leurs calories en les vomissant. La boulimie se manifeste par des crises, et consiste à ingérer, seul et parfois sans faim, en un temps très court, des quantités abondantes de nourriture, jusqu'à ressentir une sensation douloureuse dans l'estomac, une honte et un dégoût de soit. C'est un rapport pathologique à la nourriture, presque comparable à l'addiction porté aux drogues. La boulimie n'est pas toujours rattachée aux vomissements, bien que des comportements compensatoires soient effectivement mis en place pour maintenir un poids normal (laxatifs, diurétiques, sport, restriction, vomissements). Sachant que des vomissements à répétition peuvent endommager l'oesophage (l'acidité de la bile sur une muqueuse qui n'est pas protégée provoque des lésions, à la longue, et l'on peut retrouver du sang dans les régurgitations). 

Le diagnostic de la maladie se fait sur l'amaigrissement, le déni (la personne refuse de constater l'existence du problème, ou bien refuse d'être soignée), l'aménorrhée (absence de règles), les autres signes évoqués ci dessus. 

On peut retrouver des signes de déshydratation (suite aux vomissements, laxatifs et autres), et surtout de dénutrition (cheveux cassants qui tombent, pâleur, peau terne, des extrémités froides). On trouve aussi une bradycardie (fréquence cardiaque basse), une hypotension, des amygdales grossies à cause des vomissements, des anémies par carence en fer (microcytaire hypochrome pour ceux intéressés par le détail ;). On peut retrouver une hypothyroidie, une cassure de la courbe de croissance, une baisse des oestrogènes avec un taux de cortisol très élevé (hormone du stress). Cela traduit des troubles de l'axe hypothalamo hypophysaire, un axe endocrinien pour le moins important. On peut avoir aussi un retard de l'âge osseux. Les vomissements peuvent mener à des taux bas de potassium, qui peuvent être tout simplement mortels. Ah, et on peut aussi perdre ses dents. Ça c'est vraiment pas cool.

L'anorexie est surtout prise en charge en ambulatoire. Néanmoins, un IMC<13 oblige à une hospitalisation, et signe une dénutrition sévère. Une sonde naso gastrique est parfois utilisée, bien que l'équipe soignante évite l'attitude de forçage.  

On ne donne généralement pas de traitements médicamenteux pour l’anorexie, mais si elle s’accompagne de boulimie ou de tendances suicidaires, on peut donner des antidépresseurs (sérotonine). Généralement, des thérapies individuelles et familiales sont préconisées. L’hôpital demande également des « contrats de poids »: le malade doit atteindre un certain poids s’il veut éviter l’hospitalisation. 

Même après la guérison, il reste des stigmates de la maladie. Peut-être n’est-ce pas une vérité à appliquer à tout le monde, mais les personnes peuvent continuer à préférer rester debout (dans le métro…), à avoir une attention particulière sur leur alimentation…

Après, il existe aussi des mouvements dits « pro ana », ou Ana est la personnification de l’anorexie (je n’ai jamais été bonne en français, mais je crois que c’est bien une personnification ;). Une sorte de grand manitou qui les aide à tenir leurs engagements de jeun. Je suis allée faire un tour sur quelques uns de leur blog pour mieux les cerner; il m’apparaît que, contrairement aux anorexiques qui subissent leur maladie (elles ne se rendent au début pas compte qu’elles sont effectivement malades, elles sont plutôt dans le déni), les pro ana au contraire savent très bien dans quoi elles s’embarquent (elles prônent l’anorexie comme un style de vie, une manière d’atteindre leur objectif de minceur). Elles se reconnaissent entre elles par le port d’un bracelet rouge, porté sur la main qui donne la nourriture, pour sans cesse leur rappeler de poursuivre le jeun. Même si elles ont l’air de se complaire dans l’anorexie, je pense que les pro ana portent également une part de souffrance. En fait, elles sont présentes sur internet par l'intermédiaire de blogs et forums, et se filent leurs tuyaux pour maigrir et se soutenir. 

Pour faire un petit point scientifique (je ne peux pas m’en empêcher… Il faut bien honorer le blog! :p), je vais parler très très très légèrement de la biologie qui accompagne l’anorexie: taux de cortisol élevé (l’ »hormone du stress »), et un taux de leptine bas: or, la leptine est l’hormone synthétisée par les adipocytes, permettant la fonction sexuelle. Un taux normal est recommandé pour que les règles apparaissent. Cela explique pourquoi la plupart des anorexiques sont en aménorrhée (absence de règles). 

Pour finir, je voudrais envoyer par onde mentale tous mes encouragements à celles (et ceux, ne les oublions pas!) qui luttent contre la maladie, contre la mort; apprenez à vous aimer, à avoir confiance en vous, votre valeur ne se limite pas à votre apparence. Soyez courageux, relevez la tête, battez vous: la vie vaut la peine d’être vécue. Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Courage courage courage <3 



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